Chuchotements d’hospitalité

Première édition du programme de résidence Exploration in situ

Avec l’ambition de faire émerger des propositions artistiques singulières et d’accompagner des artistes dans leur parcours, le Fonds a invité une équipe pluridisciplinaire, multigénérationnelle, issue de la région et d’ailleurs et confié le commissariat de cette première édition à Jean-Paul Thibeau, méta-artiste. 
Ce dernier a convié Julia Hanadi Al Abed (compositrice, musicienne et improvisatrice), Louise Collet (artiste dessinatrice et illustratrice), Lila Neutre (artiste photographe) et Sébastien Collet (artiste sculpteur et intermédia) à réfléchir sur un territoire, une géographie, une sociologie, un espace en mutation et à nous offrir un témoignage de cette expérience intitulée Chuchotements d’hospitalité.
Chacun des artistes a mené un travail de recherche et création sur les territoires de Bègles, Bordeaux et Floirac en s’adressant à des publics variés. 
Découvrez le dispositif dans son ensemble à travers la publication Chuchotements d’hospitalité.
Les 1 et 2 juillet 2022, les artistes ont partagé le fruit de leurs travaux avec le public, une restitution pensée comme un temps de convivialité autour d’une table d’hospitalité.
 
 
 
Jean-Paul Thibeau, méta-artiste, commissaire
A cette occasion Jean-Paul Thibeau a proposé  un méta- ikébana* proche de la sagesse sauvage. 

*l’ikébana est une pratique attentionnelle et méditative qui ouvre le cœur et connecte à l’univers des végétaux.

1
Lila Neutreartiste photographe et chercheuse
Pour cette résidence, Lila a questionné le rôle social de l’apparence en proposant à un petit groupe de jeunes de l’Association Astrolabe à Belcier de fabriquer à partir de leurs vêtements personnels une collection de tenues quotidiennes servant de support à des récits d’expériences personnelles en lien avec le quartier. 
Elle a également proposé aux jeunes d’emprunter des tenues chez Grout (le costumier installé dans le quartier depuis 3 générations) leur permettant d’incarner le temps d’une journée des personnages fantasmés : héroïques versions d’eux-mêmes
À y regarder de plus près, porter et dire le vêtement permet d’interroger ce qui nous rassemble ou nous sépare. 
On se montre à la faveur de ce à quoi l’on tient, de ce qui nous met en mouvement.
Badredine en gentleman anglais sur le toit de la gare Saint-Jean
Maïmouna en sorcière non loin de chez Grout
Teoman en trottinette sur le parvis de la Méca
Shalini en jeune mariée face à l'arrêt Belcier
Mays et Raj en centurion dos à la Garonne
Julia Hanadi Al Abed (compositrice, musicienne et improvisatrice)
 
A l’occasion de cette résidence, Julia a composé une pièce sonore de 42 minutes retraçant l’empreinte d’un parcours choisi entre le quai de Paludate à Bordeaux et un amphithéâtre de verdure à Floirac. Ecoutez la composition !
Autant la balade que la composition s’inscrivent dans une certaine idée du nomadisme. Enrichie chemin faisant des échos obliques et ricochets sonores rebondissants, reflets des immeubles, et autres rythmes itératifs du mobilier urbain, on y traverse la rumeur de la ville qui chuchote une forme de silence commun. Enjamber la Garonne pour une plongée acousmatique, lire les dépôts de sous le pont, se faire accueillir de rire dans un restaurant cachant son piano, ce sont aussi les instants champêtres qui se confondent avec les zones de dépollution actives, pour s’achever au coeur d’un écotone de roseaux qui amplifie le bref silence du vent dans le lierre nourricier.
 
Découvrez l’ensemble des captations sonores réalisées par Julia sur le site ici
Louise Collet, artiste dessinatrice et illustratrice 
Lors de cette résidence Louise s’est intéressée aux zones de chantier, en s’interrogeant sur la difficulté à identifier les éléments de ces écosystèmes sens dessus-dessous : confusion entre les habitants et les passagers, les nouveaux usages et les coutumes, les espèces endémiques et les infiltrées, les différentes couches géologiques, ce qui reste et ce qui apparait tout juste, ce qui est et ce qui ne sera plus…
Le petit imagier des terres vagues est une édition résultant de ce parcours, proposant une lecture interrogative et amusée de ces paysages non définis. Cette édition est augmentée d’un jeu de gommettes, issu de dessins réalisés dans le cadre d’un atelier avec un groupe d’enfants à la bibliothèque Flora Tristan à Bordeaux sud. Les enfants ont proposé, en image, leur propre définition du « terrain vague » -offrant par surprise une vision surréaliste de la notion. 
 
 
Certains dessins tirés de cet imagier ont également pris la forme d’un affichage sauvage dans les rues du quartier Belcier : Guyart, Cabanac, Cambon et Filaurie
Sébastien Collet, artiste sculpteur et intermédia
Intitulé « 100 bornes », son projet visait la réalisation d’une forêt virtuelle, fruit du rassemblement de 100 récits de 100 personnes actrices du territoire en mutation (des ouvriers, des employés, des usagers, des habitants). 
Chacun a livré un récit autour de son arbre de cœur puisant dans une part intime de sa mémoire pour laisser entrevoir un souvenir familial, des ressorts personnels, une part du monde, un engagement collectif…
Chaque arbre a ensuite été mentionné sur une borne kilométrique réalisée en terre crue. L’ensemble des arbres composait une forêt exposée à la maison du projet. 
Cette installation a été accompagnée d’une bande son (immersive) réalisée à partir d’extraits des récits recueillis. Ecoutez ici les fragments de récits
 

Installation 100 bornes de Sébastien Collet à la Maison du projet  et proposition de création de sa propre borne en papier (à découper) à destination des plus jeunes 

Vidéos de Guillaume Loiseau